Trois pays africains lancent une initiative pilote pour améliorer la prise en charge des cancers du sein et du col de l'utérus
Brazzaville/New York – Une initiative visant à améliorer l'accès aux services de dépistage, de traitement et de soins des cancers du sein et du col de l'utérus est en cours de réalisation dans trois pays africains.
Avec le soutien de Roche Pharma International, le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique a fait l’annonce de l’initiative aujourd’hui en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce programme, dont le lancement est en cours en Côte d’Ivoire, au Kenya et au Zimbabwe, vise à fournir des services de soins anticancéreux au cours des trois prochaines années dans le but d’atteindre plus de 30 000 femmes.
En Afrique subsaharienne, les cancers du sein et du col de l’utérus représentent plus de la moitié de la charge du cancer chez les femmes. Dans les pays africains, entre 60 % et 70 % des femmes sont diagnostiquées à un stade avancé de la maladie, et seule une femme sur deux survivra cinq ans après un diagnostic de cancer du sein. Dans les pays à revenu élevé, les taux de survie au-delà de cinq ans pour un cancer du sein est supérieur à 90 %.
L'initiative mise en œuvre dans les trois pays est axée sur la promotion de la santé, le dépistage, le diagnostic et le traitement précoces, ainsi que sur les soins de santé primaires et le dépistage d'autres maladies non transmissibles.
De plus, des services de détection précoce seront intégrés dans les centres de dépistage du cancer du col de l’utérus afin d’assurer la synchronisation des anciens et nouveaux systèmes. Cette démarche vise à édifier un système de soins de santé intégré et holistique qui contribuera à réduire le fardeau des cancers du sein et du col de l'utérus dans la Région africaine.
« La détection précoce est un facteur clé pour de meilleurs résultats thérapeutiques contre le cancer. Grâce à cette approche intégrée, nous pourrons renforcer le rôle des services de soins de santé primaires afin d’éviter les décès excessifs des femmes africaines due à des cancers évitables », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « La santé des femmes sera toujours le reflet de la santé de nos nations, et nous sommes fiers de prendre des mesures pour lutter contre ces maladies que nous pouvons traiter, pour le bien-être des femmes, de nos communautés et de nos pays ».
Cependant, les efforts de détection précoce sont entravés par la méconnaissance de la maladie, à laquelle s’ajoute l’accès limité aux services de dépistage, de diagnostic et de prise en charge précoces. Selon l’Enquête mondiale 2018 sur le personnel des services d’oncologie, la plupart des pays africains comptent un seul oncologue pour 500 à 1000 patientes. Ce chiffre est quatre fois plus élevé que la moyenne recommandée par l’Agence internationale de l’énergie atomique, à savoir 200 à 250 patientes pour un oncologue.
Des dépenses extrêmement faibles en matière de santé aggravent la situation. Selon une analyse réalisée en 2019 par le British Medical Journal, seul près de 2 % de l’aide bilatérale et multilatérale au développement est consacré aux maladies non transmissibles, dont les cancers du sein et du col de l’utérus. Un rapport publié en 2019 par l’Institute for Health Metrics and Evaluation de l’Université de Washington révèle que la Région africaine ne représente que 1 % des dépenses totales de santé alors qu’elle supporte 24 % de la charge mondiale de morbidité.
La nouvelle initiative, qui sera mise en œuvre dans trois pays africains, vise aussi un double objectif, à savoir améliorer les capacités du personnel de santé au sein des communautés par des formations d’une part et, d’autre part, fournir le matériel nécessaire pour aider les patients au niveau des soins de santé primaires.
« Ce programme marque une étape passionnante et décisive sur la voie d’une véritable équité en santé en Afrique, et ouvre de nouveaux horizons de collaboration entre le secteur public et le secteur privé, en vue de susciter un réel changement dans les systèmes de soins de santé », a indiqué Maturin Tchoumi, Responsable Afrique de Roche Pharma International.
Bien qu'il soit possible de le prévenir et de le guérir grâce au dépistage et à la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV), le cancer du col de l'utérus demeure la principale cause des décès liés au cancer dans les pays africains.
En collaboration avec ses partenaires, l'OMS aide les pays à intensifier le dépistage, la détection précoce, le traitement et la prise en charge des cancers du sein et du col de l'utérus chez les femmes d'Afrique subsaharienne.